« La première rencontre entre juifs et musulmans remonte au tout début de l’islam. L’attitude ambivalente envers les juifs de Médine dans le Coran et l’assaut belliqueux que mena le Prophète envers des tribus juives reflètent le fossé séparant les attentes de Muhammad, qui espérait être reconnu comme prophète par les juifs, et le rejet de son message par ces derniers. Pour autant, le Prophète garantit aux Gens du Livre (juifs et chrétiens) qu’ils ne seraient pas persécutés en échange du paiement d’un tribut et de l’acceptation d’un statut plus humble que celui des musulmans. Que la « Constitution de Médine », comme on la désigne couramment, ait intégré les juifs au sein de la umma, la communauté des croyants, ou qu’elle n’ait été qu’un pacte de non-agression, elle leur assurait dans les deux cas la liberté de pratiquer leur religion.
Au départ fixé dans le cadre des traités conclus avec les peuples conquis, il culmina en une politique pragmatique, celle de la dhimma, terme signifiant « protection ». Dans sa forme classique, ce statut est codifié dans ce que l’on appelle le Pacte de ‘Umar, qui assure aux chrétiens, et par extension aux juifs, la sécurité et la liberté de vivre leur foi sans ostentation. En retour, ces peuples doivent se plier à certaines restrictions reflétant l’infériorité de leur statut de communautés non musulmanes. » {Page 58}