« Trois paragraphes, vingt lignes, cent vingt-huit mots : jamais dans les annales de la diplomatie européenne un texte aussi court n’aura eu autant de conséquences sur l’avenir politique d’une région du monde. Grâce à cette déclaration, le nom d’Arthur James Balfour (1848-1930) est passé à la postérité. Ni ses essais philosophiques, ni son leadership au sein du parti conservateur britannique, pas plus que sa gestion des affaires en Irlande comme secrétaire d’État ou son œuvre législative en matière d’éducation comme député à la Chambre des communes, n’ont laissé de trace impérissable.
Premier ministre de janvier 1902 à décembre 1905, quand bien même c’est sous son autorité qu’est scellée l’Entente cordiale entre la France et le Royaume-Uni, l’action de Lord Balfour à la tête du gouvernement a été éclipsée par la déclaration qui porte son nom, datée du 2 novembre 1917, avec en-tête du Foreign Office dont il détient le portefeuille entre 1916 et 1919. Cette notoriété ne lui a pas valu que de la gratitude : s’il a joui d’un grand prestige auprès des juifs sionistes – on trouve des rues Balfour dans la plupart des localités israéliennes –, il a été, pour les Arabes de Palestine et les musulmans, celui par qui le scandale et le malheur sont arrivés. » {Page 320}