Juifs d’al-Andalus – par Mercedes Garcia-Arenal

« Les communautés juives d’al-Andalus – le territoire de la péninsule Ibérique sous domination musulmane – se distinguèrent tout particulièrement entre le règne du calife omeyyade de Cordoue, ‘Abd al-Rahmân III (912-961), et la prise du pouvoir par les Almohades, après 1140. Aucune autre communauté juive médiévale ne compta autant de personnalités de haut rang dans les sphères politiques et économiques ; aucune autre ne produisit une culture littéraire d’une telle portée, révélatrice d’une vie intellectuelle partagée avec les musulmans. Cette floraison est d’autant plus inattendue que les juifs d’Hispania avaient vécu dans une grande précarité sociale et juridique au temps des Wisigoths, où ils avaient été persécutés et soumis à des décrets de conversion obligatoire.

Une partie de la population juive d’al-Andalus, sans doute issue des vagues migratoires des conquêtes islamiques, embrassa dès le début la culture et la langue des envahisseurs. L’unification des territoires et l’adoption de la langue arabe constituèrent donc un changement fondamental car elles facilitèrent, entre autres choses, l’établissement de relations fluides entre les communautés juives. Dans ce processus d’arabisation, la particularité propre à la culture littéraire des juifs est l’extraordinaire vitalité culturelle des élites alliée à leur prospérité matérielle, à leur participation aux affaires publiques et à l’administration des cours d’al-Andalus, à leurs responsabilités au sein de leurs communautés et à leur importance dans l’histoire juive, laquelle tient du paradoxe, compte tenu du petit nombre de leurs représentants. » {Page 111}

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