Coran et Torah, les fondements de l’intertextualité – par Geneviève Gobillot

« L’antériorité historique de la Bible par rapport au Coran a longtemps polarisé la question de leurs interactions selon le seul axe de l’influence ou de l’emprunt, voire, dans des cas extrêmes de polémique, du plagiat et de la parodie. Pourtant, un simple déplacement de perspective permet de porter sur la question un tout autre regard. En effet, le texte coranique lui-même tient un discours sur son propre statut d’Écriture et sur son rapport aux révélations antérieures.

En partant donc de ce que le Coran dit de son contexte scripturaire, c’est tout un univers de pensée qui se dévoile, reflétant la culture relative aux Livres saints ainsi qu’à la théologie au sens large, mobilisée par sa lecture. C’est ce bagage culturel dont disposait apparemment le premier cercle touché par un message qu’il était censé percevoir comme clair, lumineux et porteur de sens évidents. À nous, lecteurs du XXIe siècle, il incombe de redécouvrir ces « seuils herméneutiques », textes canoniques et apocryphes, ou commentaires inspirés, susceptibles de lui rendre cet éclairage primordial. Il apparaît alors dans toutes ses dimensions de recherche d’universalité, de rigueur éthique et de respect des nuances. » {Page 611}

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